Tous les ingrédients semblent réunis pour passer une bonne journée : température douce, vent nul et parcours plat. Après renseignements pris, nous savons que nous risquons de déchanter au bout de 40 km. Nous longeons une dernière fois le lac Supérieur et ses criques sablonneuses et ses roches noires dispersées ici et là. La pureté de l'air et de l'eau nous enchantent toujours autant. Nous sentons que les grands espaces déserts se terminent ici. Peu à peu, les maisons côtières surgissent derrière les frondaisons des érables verdissants. Le bruissement doux du feuillage ne nous échappe pas. Le murmure du vent est bientôt au rendez-vous.
Nous rageons une énième fois contre cet ennemi fidèle qui nous met des bâtons dans les roues depuis Vancouver. Au bout de trente kilomètres, les premières ondulations de la route commencent à s'affirmer. On redoute le pire. Depuis le temps qu'on nous le dit. J'en profite d'ailleurs pour vous faire savoir que, curieusement, beaucoup de personnes nous accostent spontanément pour nous donner des conseils et connaître la raison de notre présence ici au Canada. Ces échanges sont forts agréables et font que l'on se sent "adoptés".
Nous rageons une énième fois contre cet ennemi fidèle qui nous met des bâtons dans les roues depuis Vancouver. Au bout de trente kilomètres, les premières ondulations de la route commencent à s'affirmer. On redoute le pire. Depuis le temps qu'on nous le dit. J'en profite d'ailleurs pour vous faire savoir que, curieusement, beaucoup de personnes nous accostent spontanément pour nous donner des conseils et connaître la raison de notre présence ici au Canada. Ces échanges sont forts agréables et font que l'on se sent "adoptés".
Porc-"épique" écrasé
Le vent se rebelle à nouveau alors que le ciel se voile de nuages. Vers le quarantième kilomètre, alors que je suis perdu dans mes pensées, j'entends soudainement Jean-René qui me crie de l'arrière : "T'as vu en face ?" Je lève aussitôt le nez et vois une longue ligne droite légèrement descendante et, tout au fond, la route se rebiffe brutalement décrivant une longue courbe sur la gauche. C'est le fameux mur que l'on attendait, "The Wall" ! Je remets le nez dans le guidon pour éviter de gamberger. Le silence s'installe à nouveau. L'heure est à la mobilisation de toutes nos énergies. Nous sommes muets comme des carpes au moment d'aborder le pied de la redoutable pente dont on ne devine pas l'issue. Une nouvelle danse commence, debout sur les pédales. Le déhanchement accompagne le mouvement de rotation de nos jambes mobilisées à 150 %. Le souffle s’accélère. Nous livrons un corps à corps avec la montagne qui tente de nous faire fléchir une dernière fois. Le vent en a remis une couche mais nous tenons bon. Nous plongeons enfin sur Sault-Sainte-Marie. Nous savons alors que le dernier écrou de résistance vient de sauter. Exténués, dès 11 heures 30, nous décidons de faire le "break" et cherchons un resto, évitant ainsi le désagrément d'hier.
Une autre époque
En repartant, nous tournons à gauche, direction Montréal. La voie plate qui s'ouvre devant nous est royale, tout comme le mont éponyme qui nous attend, dominant la grande ville. Je précise au passage qu'il nous est de plus en plus dur de repartir le midi. Nous rêvons chacun d'une bonne sieste réparatrice, mais... l'appel de la route reste plus fort que tout. Par envie d'aller toujours plus loin, de partir à la rencontre de nouveaux lieux, de nouveaux visages, de nouvelles situations inconnues.
Ce désir se réalise dès notre reprise. Un cycliste aux sacoches redondantes pédale énergiquement une centaine de mètres devant nous. Au vu de son chargement, on se précipite pour venir à sa hauteur. Le jeune homme nous paraît fort sympathique et nous propose de faire un bout de route ensemble. Nous acceptons évidemment et nous roulons de conserve pendant 65 km à un train d'enfer. C'est que le jeune homme (23 ans) en a sous le pied. Il peinera cependant dans les côtes où il doit hisser ses 35 kilos de bagages. Mais chapeau tout de même pour ce jeune Canadien qui fait comme nous !... Nous le laisserons à une bifurcation et pousserons une dernière fois nos vélos sous une pluie fine 20 km plus loin pour un motel au bord du lac Huron où, de notre chambre, nous admirons papa et maman oies et leurs ouailles. Nous nous couchons sans tarder, soulagés d'être arrivés jusqu'ici.
Ce désir se réalise dès notre reprise. Un cycliste aux sacoches redondantes pédale énergiquement une centaine de mètres devant nous. Au vu de son chargement, on se précipite pour venir à sa hauteur. Le jeune homme nous paraît fort sympathique et nous propose de faire un bout de route ensemble. Nous acceptons évidemment et nous roulons de conserve pendant 65 km à un train d'enfer. C'est que le jeune homme (23 ans) en a sous le pied. Il peinera cependant dans les côtes où il doit hisser ses 35 kilos de bagages. Mais chapeau tout de même pour ce jeune Canadien qui fait comme nous !... Nous le laisserons à une bifurcation et pousserons une dernière fois nos vélos sous une pluie fine 20 km plus loin pour un motel au bord du lac Huron où, de notre chambre, nous admirons papa et maman oies et leurs ouailles. Nous nous couchons sans tarder, soulagés d'être arrivés jusqu'ici.
Lac Huron vu de notre chambre
Notre objectif est d'atteindre Montréal ce week-end pour fêter l'anniversaire de Jean-René samedi et, pour Jo, retrouver son fils et sa belle-fille. D'ici là, la route est encore longue...
3 commentaires:
Quel plaisir chaque jour renouvelé, de vous lire. Entre petit déjeuner et douche, des nouvelles du vent et du bitume ! Et deux grands fous qui s'éclatent entre les deux !
Je me disais, ce matin, en vous lisant : Il ne faut pas qu'ils arrivent trop vite...
Belle et douce journée à vous et à tous ceux qui vous lisent.
Fred
Encore bien aimé ce soir ouvrir la porte sur vos émotions et images (au sens propre et figuré) .
Je ne fais pas référence à ce pauvre porc épic et à son destin tragique . Grâce à vous , il a franchi les frontières, il ne sait pas qu'il termine sa vie en recordanimal!
Vous nous gratifiez de vos magnifiques récits et c'est un bonheur .
Demain le film "la grande boucle" avec Clovis Cornillac qui a expérimenté le vélo pour l'occasion, sort en salle .
Lors d'une interview radiophonique ce matin, il a exprimé son ressenti sur cette expérience . Je vous livre quelques unes de ses phrases qui vont sans doute vous inspirer . " Le vélo est une rencontre magique . En deux roues , il y a un côté bucolique et poétique . C'est le meilleur moyen de regarder un paysage . A chaque fois vous avez un cadeau, vous faites deux virages, vous avez un cadeau ...."
Il ne semble pas avoir eu comme vous à souffrir du vent et des méchants moustiques , mais il faisait le tour de France !
Encore bravo à vous pour tout .
Grosses bises
Colette de Viroflay
Mêmes pensées que Fred : toujours au petit dèj', un peu d'air du territoire canadien et ces tours de roues de nos vaillants-audacieux ! remarquables êtes vous!
Comme le dirait si bien Chris Ledoux - un poète chantant du Wyoming - "Life is a highway" et pour conclure votre ardent parcours pensez bien au proverbe de John Denver (humaniste américain chantant aussi ...) daté de 1971 : "Take me home, country roads"
Jean "slide"
ps: pensez bien à vos crèmes pour croupion !
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