23 mai : Banff-Dead Man's Flats (36 km)

La nuit est agitée. Sans doute l'inquiétude du lendemain. Arrivés par 6°, nous partons par 4° sous une pluie glaciale. Les sacoches sont devenues légères mais notre silhouette s'est élargie : gants, couvre-chaussures, maillots doublés, veste thermique, imperméable.

Petit déjeuner avant d'affronter les intempéries

Je donne le tempo. Jean-René se cale derrière. Nous appuyons avec la régularité du métronome sur nos pédales sans un mot. Nos mains s'engourdissent en premier. Je rumine la mauvaise nouvelle apprise ce matin, la mort de Georges Moustaki, mon idole d'ado, mon référent encore aujourd'hui. Tout est bien sombre sur cette large route plate. Nous avançons dans la grisaille, sous la pluie continue et le froid qui renchérit. Le thermomètre chute toujours. D'un commun accord, nous mettons pied à terre à la sortie de Dead Man's Flats (ça ne s'invente pas...).

Première apparition de la neige

C'est un relais routier avec motels. Nous comprenons très vite que notre randonnée va s'arrêter là pour aujourd'hui quand la neige prend le relais. Nous attendons plus de 3 heures autour d'un chocolat chaud puis nous résignons à réserver une chambre. Aux dires des canadiens on en tient pour 48 heures ! On croise les doigts, demain est un autre jour.

Aggravation

J'en connais 2 qui vont bien rigoler en lisant ces lignes. Nous devinons d'ici le rire pertinent de Dominique. Quant à Roger, le frère de Pat au Nouveau-Brunswick, on l'entend dire, hilarant : "Ils vont se geler le tch... je l'avais bien dit !" Non, c'est plus encore, c'est le corps tout entier. Mais maintenant qu'on est bien au chaud, on a envie d'en rire. Les espoirs sont loin d'être perdus, patiente Roger, on sera toujours à l'heure pour le homard !

 "Nous sommes venus chercher l'aventure,
il faut la vivre."

Pour en rajouter nous n'avons rien vu de Banff. Très très frustrant... Nous avons aperçu sur notre droite d'imposantes montagnes dans le brouillard qui font la renommée de la région. La situation étant bloquée, il nous reste à jamais l'extraordinaire volupté d'avoir pu approcher la violence et la splendeur de ces grands paysages après avoir tout donné.

Par les temps qui courent, vos commentaires seraient les bienvenus. Enfin, on dit ça comme ça...